Magnum Force

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Un sage sait jusqu’où pousser ses limites. Véritable antienne revenant telle une punch line tout au long de ce deuxième volet des aventures d’Harry, cette phrase résume parfaitement ce combat des anciens contre les modernes qui se livre tout au long du film.

Plus nerveux que le premier, plus violent, cet épisode nous montre cependant un Harry plus posé et moins borderline que dans le premier. Il faut dire que ces adversaires sont de calibre très très très à droite, le faisant passer pour un gaucho limite hippie.

Le scénario du très tendancieux John Millius, aidé par Michael Cimino, est cependant un modèle du polar 70’s.

Le volet que je préfère des aventures d’Harry.

Predator

 

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Avec un scénario qui tient sur un papier à cigarette, il faut un réalisateur béton pour faire un film qui se tienne. Avec John Mc Tiernan, on a un orfèvre.

Partant sur les bases élevés d’un nanar (une bande de mercenaires chassant des guerilleros devient la proie d’un monstre), il réussit le tour de force de nous livrer un truc plutôt bien foutu.

De cette lutte pour la survie en milieu hostile, il nous fait un manifeste pour un retour à l’état sauvage pour assurer la survie de l’espèce humaine. De chasseur, le héros devient chassé, pour finir par se mettre au niveau du prédateur et redevenir chasseur.

Alors, oui, on en prend plein les mirettes question pyrotechnie, et McT s’amuse beaucoup à nous fourguer des plans d’explosion et d’étincelle.

Certains tics (les ralentis) sont très datés, tout comme les effets spéciaux.

Mais dès que l’histoire se centralise autour du côté organique de l’affrontement, avec cette scène très symbolique du héros recouvert de boue qui entre dans la petite caverne, véritable matrice pour en être expulsé et ressortir après un bain, véritable accouchement de l’homme face à la bête, on est très nettement dans autre chose qu’un survival bourrin.

A revoir pour les amateurs de séances délirantes du cinoche 80’s.

Aviator

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En s’attaquant à la vie d’Howard Hugues, Scorsese nous emmène dans un voyage aux confins de la folie.

Folie dans sa vision du monde. La devise « the sky is the limit » s’adapte vraiment au personnage. Toujours plus haut, toujours plus gros, toujours plus…tout. C’est passionnant de voir jusqu’à quel point nous nous prenons à l’accompagner dans sa folie.

Mais chaque médaille a son revers. Et celle de Hugues est noire, mais le noir ultime. Ses obsessions hygiéniques l’amènent à s’isoler de tous ceux qui l’aiment.

La réalisation est toujours à mi-chemin entre l’emphase et l’intimiste, Scorsese nous traînant dans son maelstrom filmique.

Jamais on ne s’ennuie tout au long des 160 minutes de la biographie, jamais on ne tombe dans l’hagiographie béate.

Les acteurs sont parfaits : Kate Beckinsale est majestueuse en Ava Gardner (elle a la beauté vénéneuse de la brune incendiaire), et Cate Blanchett emporte tout sur son passage en Kate Hepburn, femme dont la côté masculin va dominer Hugues.

Et évidemment, comment ne pas s’enthousiasmer de la prestation de Léo. Il est parfait, apportant une touchante émotion un peu enfantine à ce personnage bigger than life qui a tout pour être antipathique.

Il passe par toute les palettes : la colère, l’humour, la tourmente, la tristesse, et toute la scène de débat avec le sénat est juste exceptionnelle.

Un Scorsese majeur.

Pretty Woman

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Variation sur les thèmes de contes en mode adulte, Pretty Woman est une comédie sentimentale plutôt bien foutue.

Certes, datée 90’s, mais malgré tout avec un petit côté intemporel qui fait son charme.

Cendrillon est évidemment la référence évidente. Mais on peut aussi voir le vilain petit canard, et même Romeo et Juliette.

Mais malgré tout, ce film est une histoire adulte.Il s’agit quand même d’un mec pas recommandable (Gere, excellent en requin de la finance limite autiste) qui finit par tomber amoureux d’une pute au grand coeur( Julia Roberts, éclatante).

Il se la tape (toujours en hors champ), mais finit par s’y attacher. Elle manque quand même de se faire violer par l’avocat de son amant.

Certes, le happy end est prévisible,mais honnêtement, ce film est une madeleine de Proust qui prend une autre dimension quand on le voit avec ses yeux d’adulte.

Mulholland Drive

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Vouloir résumer ce film de Lynch, c’est disserter sur le sexe des anges. C’est un film noir, ça en a en tout cas toutes les caractéristiques (femmes fatales, déchéance, perte des repères moraux), mais pas que.

C’est un histoire d’amour. Entre Betty/Susan (parfaite et diaphane Naomi Watts) et Rita/Camilla (remarquable Laura Harring en femme fatale), qui ne peut que mal se terminer.

Histoire d’amour sur le cinéma, que Lynch analyse et décortique de manière psychanalytique. La prestation du Justin Théroux en réalisateur qui perd le contrôle sur son film et celle de Naomi Watts en actrice décue, déchue, sont parfaites.

Le film parle surtout d’une actrice qui a ratée (on peut voir tout le film comme un immense rêve de ce qu’elle aurait voulu être).

Comme souvent chez Lynch, il y a des énigmes, qui ne gagnent pas forcément à être résolues.

Un spectacle enivrant et retors, magique et triste, beau et sale. La vie en somme.

Cypher

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Auteur du stressant Cube, Vicenzo Natali récidiva quelques années plus tard avec ce thriller paranoïaque.

Plus abouti (scénario assez convaincant), plus classieux (belle image), plus mature. Et du coup, moins fun. Le prix à payer quand on devient adulte.

On est ici dans une banale histoire d’espionnage industriel,dans un pays ignoré, dans une période ignorée. Néanmoins, la technologie hyper présente nous laisse imaginer qu’on est dans l’anticipation, et non dans le réel.

Filmé au cordeau pour accentuer l’étouffement, le film se laisse regarder malgré une structure nous amenant à une imbrication assez confuse à l’instant T, mais au final assez limpide.

Le film nous parle de la quête d’identité au milieu de gros groupes financiers, mais également de la naissance du personnage (renaissance serait plus exact, mais n’en disons pas trop).

Au fur et à mesure que l’on avance dans le film, les couleurs deviennent plus chaudes (on part d’un quasi noir et blanc en début de film).

Les acteurs sont parfaits, même si le jeu de Jeremy Northam est pénible en début de film (mais, c’est volontaire).

A voir.

Zone rouge

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ACHTUNG EVERYBODY :SPOILER DANS CET ARTICLE

 

Il y a des films comme ça qu’on a vus quand on était jeune et vers lesquels de temps en temps on aime à revenir même si on sait qu’ils ont vieilli.

Ce polar écolo de Robert Enrico en fait partie.

Pourtant, il est bourré de défauts: des incohérences (l’héroïne se douche avec l’eau contaminée et rien ne lui arrive alors qu’un routier ayant mis les pieds dedans est atteint), Anconina est pénible dans la première partie, la musique est désagréable.

Mais le scénar tient plutôt bien la route, et est toujours d’actualité. La réalisation n’a jamais été le point fort des films d’Enrico, et là encore, tout est assez statique.

Mais on s’amuse à repérer ça et là des acteurs en devenir.

A découvrir pour ceux qui ne connaissent pas, si vous arrivez à le choper en streaming (parce qu’à part de vieilles VHS…).